🏛️ Une parole entendue derrière les murs d’une prison qui continue de résonner bien au-delà.
Mardi matin, c’est notre quatrième rencontre philosophique avec les femmes de la prison de Rennes. Aujourd’hui, elles ont choisi de réfléchir à cette difficile question : « Être libre, qu’est-ce que cela signifie ? »
🌱 À partir d’un photolangage, plusieurs idées émergent et nous prenons le temps d’examiner chacune d’entre elles.
💬 Faire tout ce que l’on veut, est-ce cela la liberté ? Ou n’est-ce pas, au contraire, être esclave de ses désirs ?
- Comment différencier la volonté du désir ? Si le libre arbitre existe, quel est son rôle ?
- Quelle est la différence entre être libre et se sentir libre ?
- Peut-on se sentir libre en prison ? À cette question, J. répond :
« Moi, c’est en prison que j’ai découvert ma liberté. Avant d’y être, je me croyais libre, mais j’étais dans l’illusion. La liberté est une relation de soi à soi, un sentiment de pouvoir choisir et devenir qui l’on est. »
🗣️ À cette dernière question, J. répond :
« C’est en prison que j’ai découvert ce qu’était ma liberté. Avant, je me croyais libre, mais j’étais dans l’illusion. La vraie liberté, c’est une relation de soi à soi. C’est sentir que l’on peut choisir, devenir qui l’on est vraiment. »
D’autres idées sont proposées, écoutées et discutées avec beaucoup de soin et de bienveillance.
- La liberté absolue existe-t-elle ?
- Les lois nous enferment-elles ou nous protègent-elles ?
- Serait-on vraiment libres dans un monde sans lois ?
🕯️Nous nous aventurons alors dans une expérience de pensée — inspirée de Rousseau :
Que serait un monde à l’état de nature ? Comment se comporteraient les êtres humains en l’absence de toute règle, de toute norme, de toute loi ?
La plupart des femmes avancent l’hypothèse que sans cadre, sans limites, c’est la loi du plus fort qui prévaudrait. La violence. L’égoïsme. L’instinct brut.
🧭Et soudain, cette autre question jaillit :
Qu’est-ce qui nous empêche de faire le mal ?
Les lois ? La conscience ? La morale ? Le regard des autres
Des noms s’invitent : Spinoza, Descartes, Mandela, Sartre.
Mais ce que je retiens surtout, c’est une phrase, prononcée par G. lors du bilan.
🎭 À chaque fois, G. met l’accent sur l’importance de ces temps de réflexion collective et sur toutes les idées que cela fait surgir dans son esprit. Aujourd’hui, elle nous fait part de son regret que les humains n’utilisent pas assez la richesse des pensées pour vivre mieux. Elle a cette phrase, que je perçois comme un coup de poing et qui ne cessera de me faire réfléchir toute la semaine ( et peut-être beaucoup plus longtemps) :
« Nous sommes riches, mais nous sommes aveugles. »
