Ce matin, elles ne sont que quatre femmes, au lieu de sept.
Le sujet qu’elles ont choisi pour cette troisième séance est : « Peut-on vraiment changer ? »
Lors des deux dernières séances, nous avions réfléchi aux thèmes de l’amitié et du regard des autres.
Aujourd’hui, je propose, pour la première partie de la séance, un débat mouvant : à partir de phrases affirmatives, les participantes doivent se positionner dans la salle selon trois zones : « Plutôt d’accord », « Je ne sais pas encore », « Plutôt en désaccord ».
Vient ensuite le temps des définitions et de l’argumentation, qui permet à chacune de changer de place et d’avis en fonction des idées proposées.
Les échanges sont argumentés et bienveillants ; des exemples issus de la vie des détenues illustrent les points de vue exprimés, et des distinctions conceptuelles sont proposées pour affiner la réflexion.
Qu’est-ce qui change quand on change ?
Notre tempérament ? Notre caractère ? Nos comportements ?
Comment les expériences de vie et les rencontres influencent-elles qui nous sommes ?
Sommes-nous déterminés ou conditionnés par notre milieu d’origine ?
Suffit-il de vouloir pour pouvoir ?
⏳ Fin de séance et paroles partagées :
Après 1h30 de réflexion, la séance touche à sa fin.
Un temps de parole libre est proposé : les participantes partagent ce qu’elles retiennent.
🗣️ « Je repars avec plus de questions qu’en arrivant. »
🗣️ « Je n’ai pas envie de partir. Ici on se sent bien. C’est une oasis de bonheur et de bienveillance, qu’on ne trouve pas ailleurs quand on vit ici. »
🗣️ « C’est un exercice difficile, exigeant, mais on prend du plaisir dans l’inconfort et dans l’incertitude. »
🗣️ « En prison, on ne pense pas. Ça fait du bien d’avoir un espace pour réfléchir sur des sujets existentiels. »
Il est 11h30, l’heure pour ces femmes de retrouver leurs cellules.
Mais personne ne bouge.
Elles restent assises, comme suspendues, profitant de ces dernières minutes d’oxygène.
Déjà, elles attendent le prochain sujet :
Que signifie être libre ?
